[Actualité de l'histoire sociale]

Bibliothèque du Comité d'Établissement Renault Le Mans :
46 adhérents assignés devant le
Tribunal de Grande Instance du Mans le 20 avril

Le 14 décembre, en 3 heures et sous contrôle d¹huissier, des adhérents de la bibliothèque du Comité d'Établissement de Renault le Mans empruntaient 11486 livres afin d¹empêcher le bradage des collections, prévues à partir du début janvier.
Quatre mois plus tard, les élus CFDT-CGC, majoritaires au C.E., n¹ont pas renoncé à leur décision de fermer définitivement la bibliothèque : ils assignent aujourd¹hui 46 adhérents devant le tribunal de grande instance du Mans, le mercredi 20 avril à 9h30.


La majorité du CE brandissait la menace du recours à la justice pénale depuis l'emprunt des livres. Dans l¹incapacité de démontrer un vol ou une intention de vol, c¹est donc une procédure de référé devant le TGI qui est engagée afin d'obtenir :
- La condamnation de ces adhérents à la restitution des ouvrages empruntés sous astreinte de 100 euros par jour et par assigné.
- La condamnation de l¹ensemble des assignés au versement de 1500 euros pour les frais d¹engagement de procédure, ainsi qu'au paiement des frais de justice.

Ainsi, afin d¹imposer par la force la fermeture définitive de la bibliothèque, des élus syndicaux poursuivent devant un tribunal des dizaines de salariés qu¹ils sont supposés représenter.

Et ce sont les adhérents qui, dans leur engagement pour sauvegarder une bibliothèque de 28000 ouvrages et faire respecter la Charte pour la lecture dans l¹entreprise cosignée en 1992 par les syndicats CFDT-CFTC-CGC-CGT-FO et l¹association des bibliothécaires français, sont poursuivis devant la justiceŠ

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La bibliothèque du Comité d'Établissement
de Renault Le Mans est née avec le C.E.
en 1945.


Elle compte aujourd'hui 28 000 volumes et 4 000 documents sonores.
Elle constitue la possibilité d'un accès direct au livre pour quelque 5 000 familles (3 000 Renault, 2 000 familles de salariés dont des accords inter-C.E. leur permettent d'accéder à la bibliothèque).
Elle préserve la mémoire imprimée d'un bastion historique de la lutte sociale.
Elle est une mémoire des " Renault ".

Elle serait aujourd'hui condamnée :
Le Comité d'Établissement, cogéré par une alliance des syndicats CFDT et CGC, votait le 22 septembre un " projet de fermeture".

Le 14 décembre au matin se tenait un C.E. au cours duquel était initiée la procédure de licenciement économique de la bibliothécaire et le calendrier de démembrement exposé :
* Fermeture définitive le 31 décembre 2004.
* Vente du fonds dès janvier 2005 au prix unique de 2 (deux!) euros "l'article" (livre, dictionnaire, tome d'encyclopédie, CD...)
* Soldes en février au prix unique de 1 euro "l'article".
* Distribution gracieuse du reliquat en mars.

Le fondement de cette décision ne peut être tenu pour économique : le budget du comité d'établissement a augmenté de 6,37% entre 2002 et 2004.

Le motif invoqué est la faible fréquentation de la bibliothèque.
Or, au cours de la saison 2003-2004, 873 adhérents y ont emprunté 7859 livres et disques.
Et, depuis 2002, le budget de fonctionnement de la bibliothèque a été divisé par 2,5, toute animation -ateliers d'écriture, rencontres d'écrivains, conférences, débats...- supprimée.

Cette décision s'inscrit en totale contradiction avec la "Charte pour le développement de la lecture dans l'entreprise" cosignée en 1992 avec l'Association des Bibliothécaires Français par cinq confédérations : CGC, CGT, CFDT, CFTC et FO.

Une pétition locale pour le maintien de la bibliothèque, qui a réuni plus de 2300 signatures - dont un tiers des salariés de Renault le Mans -, de multiples démarches de la CGT Renault et de l'Association des Bibliothécaires Français, tant vers le comité d'établissement que vers les confédérations, la Direction du Livre etc. n'ont jusqu'alors amené aucune reconsidération de la décision.

Ainsi, afin de tenter d'enrayer la liquidation programmée de la bibliothèque, les adhérents ont, le 14 décembre au matin, emprunté quelque 11 500 livres sous contrôle d'huissier, le nombre d'ouvrages empruntables par adhérent n'étant pas limité.

Ce qui est en jeu est une politique de gestion des comités d'entreprises : dans l'actuelle option mancelle, un C.E. n'aurait désormais plus vocation à entretenir des structures permanentes mais devrait s'en tenir à un rôle de prestataire de services distribuant des bons d'achat et des chèques vacances. Un C.E. devrait, en fait, se limiter à la redistribution de la subvention du C.E. aux salariés proportionellement à leur salaire.
La destruction d'une bibliothèque ne serait donc qu'un avatar dans la mise en ¦uvre d'une politique qui videra de tout sens le rôle des comités d'entreprises.

Une bibliothèque collective, l'accès direct au livre pour les salariés et leur famille, un outil central d'éducation populaire,le livre, le rôle aujourd'hui crucial de telles bibliothèques pour la survie de petits et moyens éditeurs, une mémoire sociale n'existeraient pas : le prix de vente dérisoire du fonds et l'absence d'alternative proposée au démembrement ne le démontrent hélas que trop.

Alors que la bibliothèque a de fait fermé ses portes le 31 décembre et que les élus majoritaires au C.E. poursuivent désormais 46 lecteurs devant le tribunal de Grande Instance, ce qui est en jeu est l'acceptation, ou le refus, d'une telle destruction délibérée et de ses implications concrètes mais aussi symboliques.

C'est pourquoi nous avons besoin de votre intervention. Votre signature du texte de soutien -ci-dessous- , la diffusion de ces informations, votre présence devant le palais de justice du Mans le 20 avril au matin pourraient s'avérer vitales pour la sauvegarde de cette bibliothèque et, on peut le craindre, pour d'autres bibliothèques de C.E. demain.


C'est dans l'espoir d'une telle prise en compte de l'importance de l'enjeu, et en vous remerciant de l'attention que vous aurez porté à ce message que nous vous prions de recevoir l'expression de nos sentiments cordiaux.

Pour l'Association pour le maintien et le développement de la bibliothèque du CE Renault le Mans.

Gérard Gourmel

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